Vêtue de vent, Jacques André éditeur, collection POESIE XXI, 2014.
Discrète dans sa démarche, Geneviève Vidal poursuit une quête complexe. En un cheminement un et multiple rien n’est esquivé de ce qui étouffe comme de ce qui peut le sortir de ses miasmes. En incidence mais plus que jamais la femme y devient non le simple avenir du mâle mais de l’humanité. Elle est parole et lumière « où chacun se reconnaît / dénudé ». Elle possède aussi un corps (« Sommes-nous autre chose que le corps » écrit-elle). Il est lui-même « graine » et la poétesse refuse l’ombre qu’on porte sur elle depuis le vieille légende d’Eve et d’Adam.
par Jean-Paul Gavard-Perret.
« Ève
Femme-source
rendue à ta vérité
parole et lumière
où chacun se reconnaît
dénudé
Venue de la boue égale à Vénus
Femme-graine pourquoi redouter ta croissance ?
N’as-tu pas le secret de l’infini ?
Adam et Ève ( Ish et Isha en hébreu)
vous couple primordial
dans la nostalgie de l’unité perdue
sous le soleil noir de la chute
Secoue la honte
Ève que l’on dit maudite
Ose la métamorphose échappe à leur condamnation
Toi la désirante la mère
toi l’illimitée
Arbre des générations irrigué de pensée
Douleurs de l’enfantement
dispute de tes fils
fratricide
Te voilà Pietà
étoile éteinte morte vivante
Mais
est-ce toi que j’entends rire et chanter
debout sur les décombres ?
Casseuse d’idoles
toi Ève soleil-lune
venue de la boue égale à Vénus
et bientôt Sophia »